Histoires…

La Copropriété
Je vis dans un immeuble où, comme dans presque tous les immeubles, il y a une copropriété qui inclut tous les propriétaires, avec un président, un secrétaire et d’autres postes administratifs. Je ne sais pas à quel moment nous avons cessé de nous entendre, ni quand est apparue « la loi » qui dit que nous devons payer quelqu’un pour mettre de l’ordre, là où avant, existait une cohabitation pacifiste, le bon vieux temps quand on disait « Bonjour ! » ou, « Tu me prêtes un citron ? », « Comment va ta famille ? » Finalement, nous cohabitions, rien de plus... Maintenant, nous payons pour qu’on nous organise, avec de grandes discussions, sur des sujets triviaux, absurdes, dont nous ignorions l’existence avant. Le titre de « promoteur des litiges de copropriété » est : Administrateur de propriété. En plus, nous avons une « Bobonne », une « rapporteuse », une « commère », selon si elle se limite à ses fonctions... Un Monsieur « bien comme il faut », qui s’occupe de faire l’arbre de Noël, de décorer le hall d’entrée avec des plantes en plastique, et qui se charge aussi des rubans et des boules de Noël qu’il installe sur nos portes pour Noël. Un autre de ses rôles est d’informer le Président quand il croit avoir vu un cafard, ainsi, avant de recevoir une avalanche de plaintes, le Président, s’empresse d’appeler l’exterminateur. Lui, c’est mon allié, pour mon quota de litiges de voisinage, qui va contre les dimanches de football, les journées interminables de la Coupe Mondiale de football, ou de la Coupe d’Afrique, qui réveille tout son enthousiasme... et en fait, dans notre copropriété, nous avons, nous aussi nos hooligans ; ils sont tellement fanatiques pendant les saisons de football, qu’on ne les voit sortir de chez eux que pour sortir de grands sacs-poubelles remplis de canettes de bière et de bouteilles en tous genres, et ouvrir la porte aux livreurs de repas à domicile... Ensuite, nous avons Maruquita, qui va à la messe tous les jours, en plus de nous inviter à prier chez elle, et pour ce faire, elle va à l’intercom du portail automatique et nous rappelle qu’il est sept heures... Don Juan, qui fait honneur à son nom, à plus de soixante-dix ans, bien élevé, grand, mince et élégant, parfois avec une cravate, et d’autres fois avec un nœud de papillon. Il a toujours un compliment à dire à nous toutes, et curieusement, on ne se les répète jamais, il porte un parfum italien, de ceux qu’on n’oublie jamais... Cela fait des années que notre Don Juan est seul chez lui, nous en sommes toutes amoureuses... Avec tous nos charmants voisins et quelques-uns de plus, nous sommes déjà tous en place dans le hall de l’immeuble, pour l’Assemblée Extraordinaire. L’Administrateur a tellement compliqué la rédaction de l’Ordre du Jour, que cela génère la première discussion, qui se solde avec la démission du Secrétaire et de ses « acolytes », les actes, non signés, restent dans les mains d’un autre voisin qui parle à peine l’espagnol, par contre, il trouve ces réunions très divertissantes... il est arrivé en retard, mais c’est parce qu’il est très occupé à bronzer, boire du vin rouge et manger quelques tapas, et, comme il nous l’a expliqué avec ses phrases étranges, toujours à l’infinitif, C’est la raison pour laquelle il est venu s’installer en Espagne... mais comme la réunion traîne, il finit par s’en aller, et d’autres voisins en profitent pour faire de même. Maintenant, il ne reste que le Président et l’Administrateur qui se disputent de nouveau, à propos de leurs responsabilités respectives, cela semble interminable...